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Le management des risques : une transformation de normes de gestion en règles de métier.
Extrait de : BOUSSARD V. (Ed). Au nom de la norme. Les dispositifs de gestion entre normes organisationnelles et normes professionnelles.
Livre
Edition : L'Harmattan (5-7 rue de l'Ecole-Polytechnique, 75005 Paris), 2006, pp. 107-130, bibliogr.
L'introduction de nouveaux systèmes de management (dédiés à la sécurité, conjointement aux normes ISO qualité et environnement) posent question pour la prévention des risques au travail. Ces systèmes de gestion, structurés par divers référentiels certifiables, reprennent et diffusent les principes de l'assurance-qualité (décomposition de l'organisation en processus, formalisation des procédures, audits de contrôle, etc.). Ils redéfinissent à ce titre les contours de l'organisation du travail et interpellent les règles de métier en présence. L'enjeu opérationnel de ces démarches réside d'ailleurs dans l'intégration de la sécurité dans les pratiques. Or, comme toutes les règles prescrites, l'intégration des règles de sécurité constitue une difficulté ou présente des limites. A travers une comparaison de deux expériences d'entreprises du BTP, ce texte discute de la diffusion des outils de gestion et de leur articulation avec les règles de métier. Si l'observation confirme que l'efficacité de ces outils de gestion, toute relative, tient essentiellement aux conditions de régulations sociales qui président à leur mise en œuvre, ce texte met l'accent sur les logiques différentes d'introduction de ces systèmes de gestion à l'origine de résultats opposés. Face à des exigences formelles communes, la conception de ces démarches de gestion de la sécurité répond à deux modes de conception distincts, l'un obéissant à une conception fonctionnelle classique et l'autre davantage à un processus d'innovation. Et derrière ces deux façons de gérer la conception, s'expriment en fait deux possibilités différentes d'affirmer son métier d'animateur de sécurité. En effet, l'introduction des démarches normatives est l'occasion d'une transformation de la fonction voire du métier de gestionnaire de la sécurité, avec une nouvelle distribution des tâches. Ainsi, les écarts de conception et de gestion des règles, attestent de dynamiques professionnelles dépendantes des capacités de jeu au sein de l'organisation. Au-delà des questions contingentes de structures, l'application des règles de gestion tient finalement à la dynamique de l'organisation autour des concepteurs du dispositif.