0 avis
Harcèlement moral et pronostic professionnel chez 126 patients d'une consultation de pathologie professionnelle.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 65, n° 5, septembre 2004, pp. 387-395, ill., bibliogr.
Ce travail vise à décrire une population de patients venus consulter dans une unité de pathologie professionnelle pour suspicion de harcèlement moral et à déterminer les facteurs pronostiques du devenir professionnel. Les patients ayant consulté entre janvier 2000 et juin 2002 pour souffrance psychologique au travail ont été inclus dans l'étude. Tous les dossiers ont été analysés à l'aide d'une grille de recueil de données afin d'évaluer les caractéristiques socio-démographiques et de discriminer les cas de harcèlement des cas de conflit ou de surcharge au travail. Un auto-questionnaire a été adressé à chaque patient en décembre 2002 afin de connaître leur devenir socioprofessionnel. L'évolution a été considérée favorable en cas de cessation du harcèlement et maintien d'une activité professionnelle. L'étude a concerné 126 patients dont 108 (86 %) ont été considérés victimes d'un harcèlement présumé. Dans 18 cas (14 %) il s'agissait d'un conflit ou d'une surcharge au travail. Il existait une sur-représentation du milieu associatif (21 cas, 16,5 %), des activités de santé (18 cas, 14 %) et du commerce de détail (14 cas, 11 %). Sur les 85 réponses obtenues à l'auto-questionnaire adressé par voie postale, 72 sujets étaient présumés harcelés. Les facteurs associés de façon significative au maintien au sein de l'entreprise étaient l'âge, la taille de l'entreprise et son caractère public. Parmi les 40 patients présumés harcelés ayant quitté leur entreprise (55 % des réponses), 90 % ont été licenciés et 17 patients (42,5 %) avaient de réelles difficultés professionnelles. Une exposition longue à la situation de harcèlement était un facteur péjoratif. Parmi les 32 salariés présumés harcelés qui étaient restés dans la même entreprise, 47 % ont eu une évolution défavorable, mais il n'a pas été mis en évidence de facteur pronostique spécifique dans cette dernière situation. Les patients présumés harcelés ayant une évolution favorable sont ceux qui ont été le moins longtemps exposés. Le véritable enjeu est donc de dépister le plus tôt possible ces situations où le médecin du travail devient l'interlocuteur clé.