0 avis
Prise en compte des effets du tabagisme dans les études de cohortes professionnelles. Intérêt et limites d'une nouvelle méthode.
Article
Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 46, n° 4, septembre 1998, pp. 289-297, ill., bibliogr.
Un modèle quantitatif est proposé pour la prise en compte du tabagisme dans les études de cohortes professionnelles pour lesquelles un excès de cancers bronchopulmonaires (CBP) est observé, alors que l'information sur les habitudes tabagiques n'est pas disponible. Le modèle consiste à estimer la proportion de fumeurs dans la cohorte sur la base du risque relatif observé pour les CBP (P1), puis sur la base des risques relatifs observés pour les autres maladies liées à la consommation de tabac (P2). Si P1 est supérieure à P2, la conclusion est que l'excès de CBP ne peut être totalement expliqué par le tabagisme, suggérant l'existence d'un risque professionnel. Le modèle a été appliqué à 9 études épidémiologiques, parmi lesquelles 5 présentaient un excès de mortalité par CPB, compris entre 1,12 et 1,32. Pour 4 de ces études, les proportions P2 variaient de 0,29 à 0,46 et étaient inférieures aux proportions P1 comprises entre 0,57 et 0,69. Ces écarts atteignaient le seuil de significationstatistique de p < 0,05. L'application de la méthode à des cohortes sans excès de CBP et à des cohortes de fumeurs et de non-fumeurs valide le modèle. La robustesse a été testée en fonction des valeurs des paramètres de base : proportion de fumeurs dans la population générale et risques relatifs liés à la consommation de tabac pour les maladies considérées. En conclusion, ce modèle permet, en l'absence de données sur la consommation de tabac, d'évaluer l'importance relative du tabagisme et de l'exposition professionnelle sur le risque de CBP.