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Intérêt de la cardiofréquencemétrie et de l'analyse ergonomique des chauffeurs-livreurs de farine pour l'évaluation et la validation objective de la réduction de la pénibilité du métier à l'issue d'un suivi de 10 ans.
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Est Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol.82 n°3, mai 2021, pp.277-288, ill., bibliogr.
Le métier de chauffeur-livreur de farine est d’une grande intensité physique qui vient questionner les pratiques de prévention en service de santé au travail. Le but de cette étude était d’évaluer l’intensité physique du travail et de valider l’amélioration des conditions de travail ressenties par des salariés, dans le cadre de l’accompagnement d’une entreprise en vue de diminuer la pénibilité. Deux études de cardiofréquencemétrie et d’ergonomie ont été réalisées en 2010-2012 et en 2017-2019 avec les mêmes outils d’observation et d’analyse, par une équipe pluridisciplinaire d’un service de santé au travail (médecin du travail et ergonome). Au total, 52 journées d’enregistrement de fréquence cardiaque pour 13 salariés et 6 journées d’observation des postes de travail ont été analysées. La participation active de l’entreprise a été constante (direction, CHSCT, salariés). Les améliorations proposées (organisation des tournées, matériel mis à disposition des chauffeurs-livreurs, aménagement des lieux de stockage chez les boulangers, etc.) par le service de santé au travail ont été reprises et retravaillées par l’entreprise ce qui explique, pour une large part, la diminution de la pénibilité. Les résultats de l’étude montrent en effet une nette réduction de l’astreinte cardiaque (crêtes de fréquence cardiaque, grilles de pénibilité et temps de dépassement des seuils aérobie et anaérobie) et des contraintes physiques (évolution des modes opératoires) entre les deux périodes. Elles valident le ressenti des salariés qui témoignaient de la diminution de la pénibilité au cours des visites médicales. En conclusion, le travail pluridisciplinaire médecin du travail/ergonome, avec l’utilisation des deux outils cardiofréquencemétrie/ergonomie permet de valider ou non une diminution de la pénibilité des postes physiques en impliquant tous les acteurs de l’entreprise. L’absence de cadre juridique des études de cardiofréquencemétrie ne permet pas d’intervenir plus largement malgré les besoins des salariés et l’hésitation des entreprises à s’engager dans ce type d’étude.
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