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Facteurs de risque de l'infection à hantavirus : une enquête cas-témoins dans les Ardennes belges et françaises.
Article
Publié dans : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 8, 23 février 1999, pp. 4-7, ill., bibliogr.
Les hantavirus, virus de la famille des Bunyaviridae, provoquent des épizooties chez différentes espèces de rongeurs. On connaît actuellement plusieurs sérotypes de hantavirus associés à des espèces de rongeurs différents qui sont responsables de syndromes infectieux spécifiques. En Europe occidentale, le sérotype habituellement retrouvé est le sérotype Puumala, transmis principalement par le campagnol roussâtre. Depuis son premier isolement en 1983, ce sérotype a été reconnu comme responsable de plusieurs vagues épidémiques de fièvre hémorragique avec syndrome rénal en 1985, 1990, 1991, 1993 et 1996. Le tableau clinique évoque un syndrome grippal avec début brutal, courbatures, frissons, sueurs, asthénie et fièvre élevée. Un syndrome algique variable dans ses localisations suit habituellement après quelques jours. Les signes hémorragiques sont rarement importants. Du point de vue biologique, on note très souvent une thrombopénie et une atteinte rénale (protéinurie, élévation de la créatinémie). L'évolution est toujours favorable. Les Ardennes (belges et françaises) et l'Entre-Sambre et Meuse sont une des zones de forte endémicité. Dans cette zone ont été décrites trois épidémies en 1990, 1993 et 1996 avec un pic majeur en début d'été. Une étude, réalisée en Belgique en 1994, mettait en évidence trois facteurs de risque de la maladie : couper/manipuler du bois, voir/manipuler des rongeurs et une activité physique intense pratiquée dans des lieux fréquentés par des rongeurs. Les objectifs de cette enquête étaient l'étude des facteurs de risque et éventuellement protecteurs de la maladie et l'estimation du degré de connaissance de la maladie des habitants de la zone endémique. Ces informations devront permettre d'améliorer la prévention. L'interaction retrouvée en analyse multivariée indique que la présence de rongeurs dans ou autour de la maison est un facteur de risque seulement si la maison est à proximité de la forêt qui est l'habitat du campagnol roussâtre. La moitié des interrogés n'avaient pas entendu parler de la " maladie des rongeurs " avant d'être malades ou interrogés ce qui justifie de mener des campagnes d'information sur la maladie et les modalités de sa prévention auprès des résidents. La mise en évidence d'un risque lié à des expositions à l'intérieur ou autour de la maison et des dépendances, et la protection associée à une dératisation devra être prise en compte lors des campagnes de prévention à mettre en oeuvre lors des années épidémiques. Cependant, cette étude n'a pas permis de trancher sur les méthodes de dératisation plus efficaces, ni sur les pratiques de nettoyage/dépoussiérage à recommander à l'intérieur des maisons et des autres locaux fermés ou sur la nature des travaux de terrassement associés à la maladie, et ces aspects devraient faire l'objet de recherches ultérieures.