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Audition et accidents du travail.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 63, n° 8, décembre 2002, pp. 622-633, ill., bibliogr.
Cette étude porte sur l'association entre l'audition et l'accidentabilité en milieu de travail bruyant. La cohorte étudiée compte 88 247 travailleurs québécois pour lesquels sont connus l'état de l'audition aux fréquences 3, 4 et 6 kHz, et le bilan accidentel pour les années 1983-1998. L'audition des travailleurs constitue la variable d'exposition, alors que le fait d'avoir été victime ou non d'au moins un accident ayant mené à une demande d'indemnisation, dans les cinq années suivant l'examen audiométrique, constitue la variable d'observation. La dégradation de l'audition est associée à un accroissement du risque d'accident et cette augmentation s'accentue avec l'avancement en âge et la sévérité de la dégradation de l'audition. Chez les travailleurs âgés entre 25 et 64 ans, l'augmentation est mesurable dès que la perte auditive permanente dépasse 16 dB (1,07 <= risque relatif (RR) <= 1,35) et s'accroît avec la sévérité de la dégradation de l'audition (1,15 <= RR <= 1,48). Les analyses limitées aux individus qui cumulent 10 années ou plus de travail en milieu bruyant confirment que ceux qui présentent une dégradation importante de l'audition ont un risque accru. Pour chaque catégorie d'audition considérée, le risque est plus élevé dans les milieux bruyants (>= 90 dBA). Lorsqu'on considère à la fois l'âge, le niveau de bruit ambiant et la durée de l'exposition au bruit intense en milieu de travail, l'augmentation touche tous les groupes d'âge. Pour les travailleurs les plus âgés, le RR des travailleurs avec une perte auditive sévère (50 dB) atteint 1,66. Cette étude est une étape importante dans la démonstration d'une association entre un dommage auditif permanent et la survenue d'accident du travail en milieu bruyant.