Dans le domaine des rayonnements ionisants, les données dosimétriques existantes sont-elles suffisantes ?


Article

SUGIER A. | HUBERT P.

Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 50, n° 1, janvier 2002, pp. 13-26, ill., bibliogr.

La quantification de la dose est un élément clé du suivi sanitaire des populations, qu'il s'agisse de réduire autant que raisonnablement possible l'exposition subie, d'évaluer le risque en complément d'une étude épidémiologique ou d'affiner la relation dose/effet. Deux difficultés cependant sont à souligner : d'une part, la dose délivrée dans les organes ou à l'organisme entier ne se mesure pas directement, d'autre part, sa traduction en termes d'effets (risque de cancer, par exemple) ne doit pas se faire sans précautions. Les questions associées au développement d'une bonne dosimétrie relèvent de la métrologie, de la modélisation, des enquêtes, de la gestion des bases de données et soulèvent des débats sur la notion de réalisme mais aussi de confidentialité des données individuelles. Ce domaine est en forte évolution du fait non seulement du développement des techniques, de la demande sociale accrue, mais aussi de l'évolution de la réglementation avec notamment la transposition des directives européennes sur les patients (97/43 du 30 juin 1997) et sur les normes de base en radioprotection (96/29 du 13 mai 1996). Plusieurs types de situations sont distinguées : les expositions professionnelles, celles du public (rejets des installations manipulant des substances radioactives, sources naturelles, sites contaminés, retombées des essais atomiques) et celles des patients (radiologie et radiothérapie). Des enquêtes récentes au niveau européen ou au niveau national sont citées dont l'objet est de mettre en évidence les acquis et les lacunes éventuelles du suivi dosimétrique pour ces différents types de situations. En conclusion, des orientations sont dégagées dont certaines sont déjà en cours d'application suite aux enquêtes ou aux travaux cités plus haut. Les deux principales sources d'exposition de la population étant les irradiations des patients pour raisons médicales (41 %) et d'origine naturelle (58 %), l'effort de réduction doit porter en priorité sur ces deux composantes. L'enjeu principal, s'agissant de la radioactivité naturelle, est d'identifier les secteurs à fort potentiel en radon et de mettre en oeuvre les moyens de réduction associés. S'agissant de l'exposition des patients, l'accent devrait être mis sur le développement en radiodiagnostic des moyens nécessaires pour l'enregistrement systématique d'un indicateur de dose pour chaque examen de radiodiagnostic et pour toute opération de radiologie interventionnelle. Enfin, l'exposition des travailleurs, qui ne représente qu'une composante de celle de la population générale, doit faire l'objet d'une attention soutenue en matière de centralisation et d'accessibilité des données.

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