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Enquête descriptive sur l'activité et l'état de santé d'une population de salariés de l'industrie extractive en région Auvergne. 1ère partie : méthodologie générale, enquête technique. 2e partie : enquête médicale, discussion générale.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 62, n° 8, décembre 2001, pp. 601-620, ill., bibliogr.
L'objectif général de l'enquête était d'évaluer le risque pour la santé des travailleurs de l'industrie extractive exposés aux poussières, dans la région Auvergne. Cette étude comprend deux parties : l'une technique, pour étudier l'activité des travailleurs sur les sites d'exploitation, afin d'apprécier l'exposition ; l'autre médicale, pour étudier l'état de santé des travailleurs, en particulier sur le plan respiratoire. Le premier article rapporte l'enquête technique. Les sites ont été classés en trois catégories : les sites de roches massives de moins de 10 salariés, de plus de 10 salariés, les sites alluvionnaires. Treize activités ont été distinguées. Le poids des activités principales a été évalué en pourcentage du temps de travail hebdomadaire. La présence et l'utilisation des équipements des protections collective et individuelle ont été étudiées. 44 sites ont été visités, soit 288 salariés, représentant 13 % des exploitations, 36 % des salariés, et 36 % de la production de larégion. Il existe une polyactivité, particulièrement importante dans les entreprises de moins de dix salariés en extraction de roche massive. La conduite d'engins est l'activité principale pour les trois catégories de sites. La plupart des opérateurs assurent aussi des tâches d'entretien, de maintenance sur site et de nettoyage. Ces activités sont particulièrement exposantes aux poussières. Enfin, le nombre des équipements de protection collective et le port des équipements de protection individuelle sont insuffisants. A partir de ces éléments d'observation, il existe une exposition élevée aux poussières pour les travailleurs des sites étudiés. Les règles de prévention technique pour la gestion du risque sont rappelées. Le deuxième article rapporte l'enquête médicale dont l'objectif était d'étudier l'état de santé de ces travailleurs par une enquête transversale et descriptive, centrée sur l'appareil respiratoire, notamment en évaluant la prévalence de pneumoconioses. Les symptomatologies oculaire, ORL et respiratoire ont été étudiées par interrogatoire et examen clinique, chez 259 travailleurs. La prévalence des anomalies de type pneumoconiotique a été évaluée sur 186 radiographies pulmonaires de face. L'âge moyen était de 39 ans (plus ou moins 11 ans). L'ancienneté moyenne dans la fonction était de 10 ans (plus ou moins 8 ans). Cinquante pour cent des travailleurs interrogés étaient fumeurs. Respectivement 25 % et 14 % signalaient une toux et une expectoration quotidiennes ou hivernales. Quarante-quatre pour cent se plaignaient de nez bouché ou sec. A l'examen clinique, une obstruction nasale a été observée chez 21 % des salariés. Trente-deux pour cent signalaient des sensations de grains de sable dans les yeux. Sur les clichés radiographiques, 9 sur 186 présentaient de petites anomalies arrondies ou irrégulières de densité supérieure ou égale à 0/1, soit 4,8 %. Parmi ceux-ci, 1 présentait une densité 1/2, soit 0,6 %. En conclusion, les prévalences des signes irritatifs semblent élevées. Elles sont similaires à celles déjà publiées. La prévalence et la gravité des anomalies radiologiques sont modérées. Des règles de prévention médicale (importance de la radiographie systématique) pour la gestion du risque sont proposées. Les auteurs ont confronté les résultats de l'enquête technique à ceux de l'enquête médicale. L'exposition aux poussières est probablement excessive sur les sites étudiés, expliquant la prévalence élevée de signes irritatifs chez les travailleurs. Les effets de cette exposition sur le parenchyme pulmonaire sont plus discrets, soit parce que les poussières inhalées sont peu silicogènes, soit parce que la durée de l'exposition est encore trop courte.