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Faisabilité du dépistage systématique des cancers nasosinusiens par suivi ORL et nasofibroscopie chez les salariés et ex-salariés exposés aux poussières de bois depuis plus de 20 ans.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 79, n° 6, décembre 2018, pp. 728-736, ill., bibliogr.
L'objectif de cette étude était d'évaluer la faisabilité du dépistage systématique des cancers nasosinusiens par suivi ORL et nasofibroscopie (NF) chez les salariés et retraités exposés aux poussières de bois depuis plus de 20 ans, et de contribuer à l'élaboration des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) concernant le suivi médical des travailleurs du bois. Une étude longitudinale, prospective et multicentrique a été réalisée entre 2007 et 2014 par les services de santé au travail et des ORL libéraux et hospitaliers du Maine-et-Loire, chez des salariés et retraités exposés de manière continue ou fractionnée durant plus de 20 ans aux poussières de bois. La faisabilité du suivi a été évaluée à partir des taux d'inclusion dans l'étude, d'adhésion et de suivi annuel, de l'analyse des motifs de sortie d'étude, et des motifs d'absence de suivi des salariés à la fin de l'étude. Une comparaison a été établie entre la population incluse et celle sortie de l'étude sur l'âge, la durée d'exposition aux poussières de bois, la co-exposition aux poussières d''amiante et le statut tabagique. 795 salariés ont été inclus dans l'étude. Le taux d'inclusion était de 86,4 %, le taux d'adhésion de 72,8 % et le taux de suivi annuel de 64,9 %. Sont sortis de l'étude : 84 salariés avant la première NF et 124 après au moins une NF. Les résultats de l'étude montrent que le manque de motivation représente 42 % des motifs de sortie d'étude avant NF et 39,5 % après NF. Les NF sont un motif rare de sortie d'étude (14 % des sorties d'étude, soit 17 individus). En 2013, 265 salariés n'ont pas été suivis, dont 125 pour des motifs liés aux équipes de santé au travail. On observe plus de fumeurs dans la population sortie d'étude comparativement à la population incluse. En conclusion, les taux d'inclusion et d'adhésion élevés confirment la faisabilité d'un dépistage par NF biannuelle systématique pour les salariés ou retraités exposés aux poussières de bois depuis plus de 20 ans. Une implication forte du corps médical, informant et motivant les travailleurs, est un élément clé du dépistage et nécessite un ciblage plus sélectif de la population. La mise en place d'une visite de départ à la retraite permettrait d'améliorer le suivi post-professionnel de la population la plus à risque. Nos conclusions quant à la faisabilité de ce suivi seront à confronter aux résultats de l'étude CERBOIS pour l'élaboration des recommandations définitives concernant la surveillance médico-professionnelle des travailleurs exposés à l'action cancérogène des poussières de bois.