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Dossier. Sous le vernis, des professionnels de la beauté en danger.
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Publié dans : HesaMag, n° 17, 1er semestre 2018, pp. 10-38, ill., bibliogr.
Parce qu'ils doivent nous apporter du bien-être ou améliorer notre apparence physique, les professionnels de la beauté sont rarement considérés comme des travailleurs à risques en matière de santé et de sécurité. Le fait qu'ils se doivent de donner une image en accord avec les canons imposés par la société en termes de beauté, de santé et de jeunesse constitue un obstacle supplémentaire à la visibilité de leurs conditions de travail. Troubles musculosquelettiques, usage quotidien de produits cosmétiques contenant des molécules chimiques allergisantes ou irritantes pour la peau : les risques professionnels auxquels ces salariés sont exposés peuvent les contraindre à quitter prématurément le métier pour lesquels ils ont été formés. Le problème est particulièrement aigu dans les activités de manucure. La mode des ongles artificiels dans les pays industrialisés a entraîné l'essor dans les grandes villes de salons de manucure à bas prix, qui emploient des produits chimiques toxiques, notamment des solvants. Les coiffeurs sont également concernés par des pathologies liées à l'utilisation de cosmétiques dans des conditions défavorables (humidité, chaleur, manque d'aération, etc.). Conscients que ces problèmes constituent, à côté de salaires souvent modestes, un des principaux facteurs expliquant le turn-over important dans ce secteur, l'organisation patronale de la coiffure a accepté de conclure avec la fédération syndicale du secteur un accord-cadre européen pour améliorer la sécurité et la protection de la santé dans les salons de coiffure. Alors que les partenaires sociaux européens souhaitent que cet accord soit transformé en directive, la Commission européenne s'y oppose. La législation européenne réglementant la commercialisation des produits cosmétiques protège avant tout les consommateurs, qui utilisent ces produits au réveil ou le soir avant d'aller se coucher, mais beaucoup moins les professionnels qui les manipulent au moins une trentaine d'heures par semaine.