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La réflexivité organisationnelle : une piste contre la violence ordinaire au travail.
Article
Publié dans : Cahiers des rps, n° 29, juin 2017, pp. 46-50, bibliogr.
La pression liée à l’évolution des techniques managériales s’accompagne d’une augmentation des risques psychosociaux. La violence devient quotidienne et ordinaire, et de là difficile à contester. La « novlangue managériale » habille d’une symbolique positive des pratiques inacceptables et devient un outil d’emprise au sein de l’organisation. Les cadres et managers adhèrent à cette novlangue et contribuent à la répandre, par désir de conformité et peur de se démarquer. L’article propose une démarche réflexive comme rempart à la dégradation des rapports sociaux au travail. La réflexivité est une démarche à la fois cognitive, pratique et sensible, individuelle et collective, qui prend pour objet d’analyse et de réflexion, sur un mode discursif ou non, l’activité que chacun déploie au coeur d’un espace donné (social, organisationnel, sociétal). Elle s’appuie sur des postures incontournables pour l’auteur : l’exercice de la critique, le souci clinique, la réhabilitation des collectifs, la dialectique négative. Dans une organisation qui valorise le conformisme, le doute et la contestation sont perçus comme une dissidence, mais l’impossibilité de toute remise en question non seulement nuit à la capacité d’innovation mais permet de rendre invisible et de laisser perdurer des pratiques inacceptables. L’organisation bénéficierait de ce que chacun, managers compris, adopte une posture clinique, fondée sur la préoccupation de l’autre et du rapport à l’autre. L’auteur réhabilite la notion de collectif, qui dépasse une collection d’individus, et naît de la discussion autour de l’activité. La négativité, en ce qu’elle permet d’interroger et contredire sans être dans la destruction, offre une capacité de résistance contre la novlangue managériale et la violence ordinaire au travail.