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Surveillance biologique de l’exposition professionnelle au styrène : déterminants de l’exposition et recommandations de prévention.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 78, n° 3, juin 2017, pp. 262-271, ill., bibliogr.
Le styrène, produit largement utilisé dans de nombreux secteurs industriels dont la plasturgie, est suspecté neurotoxique et cancérogène. Le but de ce travail était d’évaluer l’exposition professionnelle au styrène dans différents secteurs d’activité et d’identifier les facteurs pouvant influencer ces niveaux d’exposition afin d’en dégager des recommandations de prévention. Une surveillance biologique de l’exposition a été réalisée de décembre 2015 à mai 2016 chez des travailleurs des secteurs de la plasturgie (polyesters), des copolymères et des garages de la région Rhône-Alpes. Deux prélèvements d’urine ont été réalisés en début de semaine début de poste (DS-DP) et fin de semaine fin de poste (FS-FP), parallèlement au recueil d’informations concernant le poste de travail, à l’aide d’un questionnaire individuel. Les acides mandélique (MA) et phénylglyoxylique (PGA), métabolites urinaires majoritaires du styrène, ont été analysés par chromatographie liquide à haute performance couplée à un détecteur ultra-violet et exprimés en mg/g-1 de créatinine. Deux cents soixante-treize prélèvements urinaires ont été collectés chez 137 salariés de 16 entreprises, dont 87 % travaillaient dans les polyesters. Les concentrations les plus élevées ont été observées dans le secteur des polyesters que ce soit en DS-DP ou en FS-FP, avec des niveaux moyens 5 fois plus élevés en DS-DP et 20 à 40 fois plus élevés en FS-FP que pour les copolymères ou les garages. Les niveaux en FS-FP sont significativement plus élevés qu’en DS-DP dans les polyesters, mais pas dans les autres secteurs, et 3,5 % des sujets travaillant dans les polyesters avaient des niveaux supérieurs aux valeurs admissibles en milieu professionnel. Dans les polyesters, les procédés en moule ouvert étaient associés à des expositions plus importantes qu’en moule fermé et le procédé de projection simultanée générait les expositions les plus fortes. Les facteurs identifiés comme influençant les concentrations de fin de semaine étaient les niveaux de base de début de semaine, la nature du procédé, la proximité de la source de pollution, l’utilisation de masques respiratoires, la proportion de styrène dans les résines et le type de moule utilisé. Alors que les expositions au styrène dans la mise en oeuvre des copolymères ou dans les garages sont faibles, elles restent élevées dans le secteur des polyesters. L’intervention sur le procédé (teneur en styrène, travail en moule fermé), les équipements de protection (aspirations à la source, masques respiratoires) et les pratiques individuelles (éloignement de la source, respect des règles de sécurité) devraient permettre de diminuer les expositions et donc les risques sanitaires des sujets exposés à cette substance.