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Analyse d’une situation d’exposition aiguë aux vapeurs de créosote dans une entreprise du secteur électrique à Abidjan.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 77, n° 2, avril 2016, pp. 186-191, ill., bibliogr.
La créosote est un mélange complexe d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) utilisé pour le traitement des poteaux électriques en bois. Cet article rapporte des cas d’exposition aiguë aux vapeurs de créosote dans une entreprise du secteur de l’électricité. L’objectif est d’analyser les facteurs d’exposition, mesurer le niveau d’exposition et décrire les manifestations cliniques et paracliniques d’intoxication à la créosote. Une enquête transversale descriptive a été menée avec une étude des sites d’exposition, l’examen physique des sujets exposés, la réalisation d’investigations biologiques et les métrologies environnementales des HAP. Les sujets exposés étaient au nombre de 27 avec 12 agents de l’entreprise, 9 agents de sécurité privés et 6 riverains. L’exposition a duré 5 jours avec un contact journalier variant de 8 heures à 24 heures. Les travailleurs ne disposaient pas de protecteurs respiratoires. 18 personnes sur les 27 exposées ont effectué l’examen clinique. Les manifestations cliniques d’irritation suivantes ont été objectivées : rhinite (12/18 soit 66,6 %), toux et céphalées (10/18 soit 55,5 %), oropharyngite (8/18 soit 44,4 %) et irritation oculaire (7/18 soit 38,9 %). Sur le plan biologique, 2 patients ont présenté une hypertransaminasémie. Les concentrations atmosphériques en benzo(a)pyrène (en mg/m3) ont varié de 0,29 à 0,38 sur un site ; sur l’autre site, les concentrations variaient de 0,52 à 2,28. Les niveaux étaient nuls au cinquième mois sur le premier site et un mois plus tard sur le deuxième site. Les expositions aiguës ont été considérées comme accidents du travail pour 12 travailleurs et en exposition accidentelle pour 6 habitants riverains du site. En Côte d’Ivoire, l’usage de la créosote n’est pas encadré par des textes spécifiques. Face au risque, il faut sécuriser l’usage des bois traités à la créosote dans une stratégie globale de protection des salariés, des populations et de l’environnement.