Retrait préventif du travail, exposition aux contraintes psychosociales au travail et symptômes dépressifs majeurs.


Article

FALL A. | GOULET L. | VEZINA M.

Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 63, n° 6, décembre 2015, pp. 355-367, ill., bibliogr.

Cette étude avait pour objectifs d’évaluer l’exposition aux contraintes psychosociales au travail chez les femmes enceintes, au travail et en arrêt de travail pour retrait préventif, et de mesurer l’association entre les contraintes psychosociales au travail et les symptômes dépressifs majeurs en fonction du moment du retrait préventif. L’échelle abrégée de Karasek a été utilisée pour mesurer les contraintes psychosociales au travail (« Job strain » et « Iso-strain ») et l’échelle « Center for Epidemiological Studies Depression Scale » (CES-D) pour mesurer les symptômes dépressifs majeurs (score CES-D = 23), à 24–26 semaines de gestation, auprès de 3 043 femmes enceintes de la région de Montréal (Québec) ayant exercé un emploi rémunéré au moins 15 h / semaine et au moins quatre semaines consécutives depuis le début de leur grossesse. Des modèles de régression logistique multivariée ont été construits. Les résultats ont montré qu’à 24–26 semaines de gestation, 31,4 % (956 / 3 043) des femmes enceintes étaient en retrait préventif du travail. Elles se trouvaient plus souvent dans les catégories « high-strain job » (31,1 % vs 21,1 %) et « Iso-strain » (21,0 % vs 14,2 %) que celles qui avaient continué de travailler (p < 0,0001). La prévalence des symptômes dépressifs majeurs était plus élevée chez les femmes en retrait préventif (10,8 % ; IC 95 % : 8,9–12,9) que chez celles qui travaillaient (7,1 % ; IC 95 % : 6,1–8,3). Après ajustement sur les facteurs de risque personnels et professionnels, « l’Iso-strain » restait significativement associé aux symptômes dépressifs majeurs chez les femmes qui continuaient de travailler, tout comme chez celles qui avaient cessé de travailler, et cela quelle que soit leur durée d’activité avant le retrait préventif du travail, 4 à 12 semaines d’activité, entre 13 à 20 semaines ou une durée supérieure ou égale à 21 semaines. En conclusion, les contraintes psychosociales au travail représentent un important facteur de risque pour la santé mentale des travailleuses enceintes et nécessitent que des actions préventives soient menées.

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