Consommation de substances psycho-actives et conduite professionnelle.


Article

ATTALI H. | FAU-PRUDHOMOT P. | MARCHAND V. | SOUSSAN P. | ET COLL.

Publié dans : CAMIP. Info. Revue de la santé au travail, (e-revue), n° 2, avril-juin 2015, 10 p., ill., bibliogr.

Parmi les missions des services de santé au travail (SST), la prévention de la consommation d’alcool ou de drogues illicites sur les lieux de travail est explicitement mentionnée. Un groupe de médecins du travail a souhaité mener une étude locale sur le thème de la consommation de substances psycho-actives (SPA), alcool et drogues illicites, chez les salariés conduisant à titre professionnel. Le but de cette étude était de écrire les caractéristiques individuelles avec estimation de la santé perçue, aborder les consommations et leurs motivations, cerner les attentes des employeurs et des salariés, à partir d’un échantillon non aléatoire d’entreprises ayant une activité de conduite professionnelle et situées dans les départements de l’Essonne et des Hauts-de-Seine. Il s’agissait d’une enquête descriptive transversale au moyen de deux auto-questionnaires anonymes standardisés distincts, destinés respectivement aux salariés et aux employeurs. Les données ont été saisies sur tableur Excel et analysées avec le logiciel de traitement statistique SPSS. Entre juin et novembre 2013, 122 questionnaires salariés ont été colligés. L’échantillon était quasi exclusivement masculin (92,6 %), d’un âge moyen d’environ 40 ans. Un peu plus d’une personne sur 10 (12,3 %) déclarait consommer régulièrement de l’alcool ou d’autres SPA. Parmi les salariés qui évoquaient un lien entre leurs conditions de travail et leur consommation (10,6 %), la plupart mettait en avant la gestion du stress et celle des problèmes de travail. Un peu plus de la moitié des répondants (55,2 %) attendait que sa consommation d’alcool ou d’autres substances illicites soit un sujet abordé lors de la visite médicale du travail ou de l’entretien infirmier. Les cadres exprimaient plus souvent cette attente que les employés, techniciens et ouvriers (73 % vs respectivement 52 %, 47,6 % et 33,3 %, p < 0,05). Le petit nombre de questionnaires employeurs recueillis pendant la période d’enquête (14) n’a pas permis d’effectuer de croisements statistiques. La moitié des employeurs disait avoir mis en place des mesures concrètes contre la consommation d’alcool ou d’autres SPA mais environ un quart reconnaissait l’existence d’événements invitant à la consommation d’alcool dans l’entreprise. Deux tiers ressentaient le besoin d’une information sur le plan juridique. La quasi-totalité souhaitait que leur service de santé au travail soit impliqué dans le dépistage biologique d’alcool et des autres SPA. En conclusion, salariés et employeurs s’accordent sur la légitimité des SST dans la prévention de la consommation des SPA au travail avec des différences dans les modalités d’action souhaitées. Les SST doivent être à l’écoute de ces attentes et peuvent tenter d’y répondre de façon adaptée en développant une capacité collective permise par la pluridisciplinarité.

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