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Quels sont les objectifs du suivi post-professionnel, les bénéfices attendus et les risques possibles ? Objectifs médicaux en termes de morbidité, mortalité et qualité de vie.
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Publié dans : Revue des maladies respiratoires, vol. 28, n° 10, décembre 2011, pp. 1230-1240, ill., bibliogr.
Le suivi post-professionnel après exposition à l’amiante (SPPA) est susceptible d’apporter aux sujets concernés des bénéfices. Bénéfices individuels, à la fois médicaux, par le dépistage des maladies liées à l’amiante, et sociaux par la prise en charge au titre des maladies professionnelles et/ou la réparation par le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA). Bénéfices collectifs, par la mise en place d’une surveillance épidémiologique (suivi de cohortes) à même d’évaluer l’impact du SPPA en termes de bénéfices de santé et d’indemnisation. Les atteintes respiratoires liées à l’amiante sont : les cancers (mésothéliome pleural malin primitif et cancers bronchiques primitifs [CBP]), la fibrose pulmonaire induite par l’amiante (asbestose) et les atteintes pleurales (plaques pleurales, fibrose de la plèvre viscérale et pleurésie bénigne). Compte tenu des données actuellement disponibles et de la performance des outils qui peuvent être utilisés, l’intérêt médical et de santé publique d’un dépistage du mésothéliome n’est pas démontré. Le diagnostic des CBP à un stade précoce est théoriquement susceptible d’améliorer le pronostic des sujets dépistés, notamment par l’identification tomodensitométrique de stades I (nodules pulmonaires). Celle-ci est fréquente mais induit un nombre élevé de faux-positifs. Dans l’attente des résultats de plusieurs essais randomisés internationaux, l’intérêt d’un programme de dépistage du CBP dans une population à risque n’est pas démontré. Il n’y a pas de traitement efficace de l’asbestose. Mais celle-ci est un facteur de risque indépendant de CBP. Elle témoigne également d’une exposition forte à l’amiante. Le sevrage tabagique chez les sujets atteints d’asbestose est ainsi susceptible de diminuer l’incidence de CBP. Il n’y a pas de traitement efficace des atteintes pleurales bénignes, mais celles-ci peuvent constituer un marqueur d’exposition à l’amiante. La présence de plaques pleurales n’est pas un facteur étiologique démontré des cancers thoraciques. Le SPPA est susceptible d’entraîner des risques pour la santé : notamment irradiations répétées et gestes invasifs liés aux procédures diagnostiques et de suivi. Il doit également considérer les conséquences psychologiques inhérentes à tout programme de dépistage. En conclusion, le SPPA peut être à même de réduire la mortalité par CBP par le dépistage de formes localisées de CBP et son incidence par la mise en place d’un programme ciblé de sevrage tabagique. Ces bénéfices théoriques, qui ne sont pour l’instant pas démontrés, sont à mettre en perspective avec les risques pour la santé et les risques psychologiques, liés à la fois au dépistage et à la procédure diagnostique. Ce texte est tiré de l'Audition publique d'avril 2010, référencée dans INRSbiblio sous le numéro 00076108, et disponible gratuitement sur le site de la Haute Autorité de Santé (http://www.has-sante.fr).