Les déterminants de la sous-déclaration des maladies professionnelles. Le cas du mésothéliome.


Article

GISQUET E. | CHAMMING S. | PAIRON J.C. | GILG SOIT ILG A. | ET COLL.

Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 59, n° 6, décembre 2011, pp. 393-400, ill., bibliogr.

Malgré l’importante médiatisation autour des problèmes liés à l’amiante, 40 % des patients atteints d’un mésothéliome ne déclareraient pas leur maladie professionnelle alors qu’ils ont été exposés professionnellement. L’objectif de ce travail est donc d’identifier les différents éléments qui dans le parcours du malade influencent la déclaration en maladie professionnelle (DMP). En particulier de vérifier l’hypothèse selon laquelle la DMP serait liée à la classe sociale d’appartenance et au niveau d’étude. Une étude quantitative à partir du registre du Programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM) a permis d’analyser les déterminants sociaux de la sous-déclaration. Une étude qualitative a ensuite été conduite sur un même département : dix malades présentant potentiellement un mésothéliome ont été interrogés. Les données recueillies ont fait l’objet d’une analyse thématique de contenu permettant d’expliciter les motivations individuelles, les obstacles et les facteurs favorisant la déclaration de maladie professionnelle. Les analyses statistiques mettent en évidence que moins le niveau de diplôme est élevé, plus les patients tendent à déclarer leur maladie professionnelle. Ainsi, les ouvriers déclarent plus volontiers leur maladie que les cadres. Les entretiens réalisés auprès des patients atteints d’un mésothéliome peuvent permettre de proposer des pistes d’explications de ces résultats. Le médecin est souvent à l’origine de l’initiative de la DMP : il informe sur le lien possible avec la profession antérieure, explique la marche à suivre et motive le patient qui lutte contre sa maladie et souhaite rarement être reconnu comme victime. Le médecin est moteur dans l’initiative de la déclaration auprès des malades indépendamment de leur appartenance sociale et il pourrait plus spontanément repérer une maladie professionnelle chez les ouvriers. Ces résultats permettent de relativiser la complexité des démarches ou le faible niveau d’instruction des patients comme causes principales de sous-déclaration des maladies professionnelles. Le repérage par le médecin des possibles maladies professionnelles et la transmission d’une information adaptée à tous les patients concernés permettrait de lutter plus efficacement contre les disparités de sous-déclaration.

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