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Evaluation de l’exposition au tétrachloréthylène et de son retentissement clinique au sein d’une population de 50 employés de pressing.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 72, n° 5, octobre 2011, pp. 439-448, ill., bibliogr.
Les objectifs de cette étude était d’évaluer le retentissement clinique de l’exposition chronique au perchloroéthylène dans une population de salariés de pressing, de réaliser une évaluation métrologique et biométrologique de cette exposition, de valider l’hypothèse d’une exposition respiratoire au-delà des valeurs indicatives en lien avec des pics d’exposition répétés, et de rechercher les facteurs professionnels influençant cette exposition. Après définition du protocole, les salariés des pressings de deux services de santé au travail (Brest et Quimper) ont été inclus. Il s’agissait d’une étude exposés / non exposés pour l’évaluation de la symptomatologie clinique avec appariement sur l’âge, le sexe, le tabac. L’évaluation de l’exposition professionnelle a été faite par prélèvement atmosphérique sur badge Gabie sur une journée et dosage sanguin du perchloroéthylène en fin de semaine. Le recueil des données d’activité a été réalisé lors de la semaine d’étude (avril 2009). Cinquante salariés et 95 témoins ont été inclus. Les résultats ont montré que les symptômes neurologiques étaient prépondérants chez les salariés, sans signes de somnolence (Epworth < 8 pour 84 %), et la présence d’un syndrome prénarcotique (SPN) n’a été retrouvée que pour 10 % des salariés. Aucune différence significative n’a été observée entre population exposée et non exposée sur la présence de signes cliniques, la somnolence et le SPN. La moyenne des taux atmosphériques en perchloroéthylène était de 7 ppm (0,22–33) et tous étaient inférieurs à la valeur moyenne d’exposition et la médiane au niveau sanguin de 73,6 microg/l (11,8–544) avec aucun résultat supérieur à la valeur guide française. Cinquante-six pour cent des salariés avaient une concentration sanguine en perchloroéthylène supérieure aux valeurs recommandées actuellement pour les femmes enceintes et 67 % en référence aux nouvelles valeurs de l’ANSES. Une corrélation faiblement significative entre les valeurs des taux atmosphériques et les activités de raclage des boues et changement de filtres était notée. En conclusion, des axes d’amélioration de la prévention collective et individuelle sur les opérations exposantes (raclage de boues, nettoyage de filtre, test au perchloroéthylène) ressortent de l’analyse. La répétition des pics de perchloroéthylène n’entraîne pas d’exposition supérieure aux valeurs recommandées. La clinique est indiquée dans le suivi des expositions subaiguës mais doit être associée à la biométrologie pour les expositions chroniques. Une attention particulière doit être prise pour les femmes en âge de procréer avec information sur les risques. Le faible effectif de cette étude permet d’émettre ces hypothèses sans toutefois pouvoir les affirmer.