Du suicide : à qui la faute ?
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Publié dans : Cahiers des rps, n° 14, décembre 2009, pp. 38-42, bibliogr.
Il est coutumier de distinguer l’idée suicidaire sans passage à l’acte, la tentative de suicide qui est un appel à l’aide et le suicide proprement dit. Ce dernier apparaît comme le dépassement de tentatives d’appel à l’aide qui n’ont pas trouvé leur réponse. Les actes suicidaires doivent être considérés dans leur dimension symbolique car leurs modalités sont culturellement expressives. Actuellement, dans la clinique des suicides en entreprise, trois types de suicides sont prépondérants : la pendaison, le saut dans le vide, la prise de médicaments. Derrière les différents cas de suicide, c’est la question de la désintégration du lien social et des dysfonctionnements organisationnels qui est en jeu. L’existence de suicides en chaîne dans une organisation du travail révèle l’existence d’une pulsion de mort activement à l’œuvre ; l’organisation fonctionne alors sur un mode pathologique et pathogène. Dans la majorité des cas, le travail est responsable (donc coupable), soit activement, soit passivement. L’accroissement du nombre de suicide dans une organisation est un symptôme, c’est-à-dire un signe extérieur qui doit être analysé. Le suicide en entreprise provoque un traumatisme collectif ; les groupes d’appartenance du suicidé sont attaqués par une violence traumatique, ainsi que l’organisation et le corps social tout entier. La société actuelle ne sait pas gérer le geste suicidaire qui lui renvoie l’image d’elle-même. C’est ainsi que le suicide en entreprise provoque des attitudes défensives, en absence de possibilité d’accueillir la culpabilité que renvoie le geste suicidaire.