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Consommation de médicaments psychotropes par les travailleurs indépendants français en activité.
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Publié dans : Presse médicale, vol. 40, n° 4, avril 2011, pp. e173-e180, ill., bibliogr.
Chez les travailleurs indépendants (artisans, commerçants, industriels et professions libérales), la consommation de médicaments psychotropes et les différences entre secteurs d’activité professionnelle n’ont jamais été étudiées. C’est un préalable aux actions préventives contre les addictions, le stress et les accidents par trouble de la vigilance au travail. La base d’affiliation à l’assurance maladie des travailleurs indépendants a été analysée pour les travailleurs en activité âgés de 18 à 60 ans dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les consommateurs étaient identifiés par le remboursement en 2009 d’anxiolytiques, antidépresseurs, hypnotiques, neuroleptiques, lithium, médicaments de la dépendance à l’alcool ou aux opiacés ; les témoins étaient tirés au sort à partir de leur clef de numéro de sécurité sociale. Une régression logistique multivariée cas-témoin ajustée sur le genre, l’âge et le lieu de résidence a été effectuée pour rechercher des différences de consommation entre professions. Les consommateurs d’anxiolytiques, d’antidépresseurs ou d’hypnotiques étaient les plus nombreux (respectivement 906, 557 et 446 consommateurs pour 10 000 personnes couvertes-année). Les antidépresseurs, les neuroleptiques et les médicaments de la dépendance aux opiacés étaient les trois postes de dépense les plus élevés pour l’assurance maladie. Par rapport à un travailleur du bâtiment, un travailleur du commerce de détail d’habillement avait un odd ratio de 2,04 (IC 95 % 1,46–2,85) pour la consommation d’anxiolytiques et de 2,29 (IC 95 % 1,67–3,14) pour la consommation d’antidépresseurs, un travailleur de l’hôtellerie-restauration avait un odd ratio de 1,62 (IC 95 % 1,19–2,22) pour la consommation de médicaments de la dépendance à l’alcool, un travailleur du secteur comptable juridique et financier avait un odd ratio de 0,05 (IC 95 % 0,01–0,32) pour la consommation de médicaments de la dépendance aux opiacés. Les professions positivement associées avec une consommation de psychotropes pourraient être ciblées lorsqu’on veut agir sur les addictions, le stress ou les troubles de la vigilance chez des travailleurs.