0 avis
Santé et instabilité professionnelle : résultats issus des centres d'examens de santé de l'assurance-maladie.
Article
Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 57, n° 3, juin 2009, pp. 141-149, ill., bibliogr.
Les formes d'instabilité professionnelle se sont développées au cours des 30 dernières années. L'objectif de cette étude était d'étudier les relations entre la santé et diverses situations d'emplois : emplois non stables, emplois à temps partiel, chômage. La population d'étude comportait 767 184 sujets, de 26 à 59 ans, examinés entre 2003 et 2005 dans les centres d'examens de santé de l'assurance-maladie. L'instabilité professionnelle a été mesurée par les diverses situations d'emplois instables, temporaires ou à temps partiel et le chômage de durée croissante de moins de six mois à trois ans ou plus. Plusieurs dimensions de la santé ont été étudiées : santé perçue, tabagisme, absence de suivi gynécologique, obésité, mauvais état buccodentaire et pression artérielle élevée. Les données ont été analysées par des modèles logistiques multivariés (odds ratios, OR), ajustés sur l'âge, la catégorie socioprofessionnelle et le niveau d'étude, le groupe "emploi stable à temps plein" étant la catégorie de référence (OR=1). Les résultats ont montré que les indicateurs sont d'autant plus perturbés que la situation par rapport à l'emploi est plus défavorable : les emplois précaires sont plus à risque de mauvaise santé que les emplois stables, les chômeurs sont eux-mêmes plus à risque que les actifs et d'autant plus à risque que la durée du chômage est élevée. A titre d'exemple, chez les hommes, les OR de la perception négative de la santé varient de 1,00 à 1,68 (intervalle de confiance à 95 % : 1,57-1,78) selon les formes d'emploi et de 1,75 (1,67-1,83) à 2,80 (2,72-2,89) selon la durée de chômage. De même, pour l'obésité chez les femmes, les OR varient entre 1,00 à 1,48 (1,37-1,60) chez les actifs, et de 1,35 (1,27-1,44) à 1,77 (1,70-1,84) chez les chômeurs. En conclusion, un gradient de santé est mis en évidence au travers du continuum social lié à l'instabilité professionnelle. Les travailleurs titulaires d'emplois aidés de l'Etat et les chômeurs de longue durée présentent des risques particulièrement élevés de santé dégradée.