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Troubles ressentis au bloc opératoire central d'un hôpital de Marseille : quel facteur déclenchant ?
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Publié dans : Presse médicale, vol. 38, n° 2, février 2009, pp. 193-199, ill., bibliogr.
Lors de travaux réalisés en août 2005 dans un hôpital de Marseille, une série de doléances collectives du personnel survenue dans le bloc opératoire de cet établissement a fait l'objet d'une forte couverture médiatique. Une investigation réalisée pendant cet épisode a soulevé l'hypothèse de phénomènes suggestifs communautaires avec "auto amplification" des malaises mais aucun facteur déclenchant n'a été mis en évidence. Une enquête rétrospective a été conduite à distance des évènements afin qu'affranchis des phénomènes auto-suggestifs il soit possible d'identifier le(s) facteur(s) susceptible(s) d'être à l'origine de ces doléances. Un questionnaire relatif à l'âge, au sexe, aux troubles ressentis, aux antécédents médicaux, aux situations et aux conditions de travail au moment des faits a été appliqué 6 mois après ces derniers à chacun des 109 agents du personnel médical et paramédical en activité au bloc central. L'étude a recensé 98 personnes dont 31 médecins et 67 personnels paramédicaux ayant répondu au questionnaire. Durant la période considérée, 69 personnes (70,4 %) ont présenté des symptômes. Parmi les facteurs étudiés en analyse multifactorielle, le sexe féminin (OR : 4,21 ; IC : 1,23-14,38) et le fait d'avoir perçu des odeurs (OR : 8,81 ; IC : 2,52-30,78) ont augmenté la probabilité de survenue des symptômes. Une augmentation significative (p : 0,03) des troubles ressentis a été mise en évidence chez le personnel de soins affecté en salle de désinfection. En revanche, ces derniers ont été significativement moins recensés chez les sujets travaillant en salle d'opération (p : 0,04). Le risque a diminué de manière significative chez les fumeurs (OR = 0,25 ; IC = 0,07-0,89). Aucune plainte n'a été recensée 6 mois après l'épisode. Après analyse des conditions et des situations de travail, l'acide peracétique apparaît comme l'agent étiologique le plus probable à l'origine des troubles relatés. Les établissements hospitaliers, notamment en période de travaux, doivent être sensibilisés à l'implication du médecin du travail lors du plan de prévention afin d'éviter le coût social et financier d'une telle crise.