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De la clinique au vécu du travail. Quelques questions simples autour de l'âge et de l'avenir professionnel.
Article
Publié dans : Cahiers de médecine interprofessionnelle, vol. 48, n° 3, juillet-septembre 2008, pp. 235-248, ill., bibliogr.
L'équipe médico-sociale ACMS de Bagneux (dans les Hauts-de-Seine) a suivi pendant 5 ans le devenir des salariés déclarés inaptes à leur poste. Dans le cadre du projet européen Alliages, elle a prolongé cette étude par une démarche anticipatrice. Les objectifs de cette étude étaient de construire un outil de questionnement axé sur le vécu au travail des salariés et intégré à la visite médicale, et de regarder les résultats en focalisant sur l'âge et le sexe. Pour cela, huit questions ont été posées par le médecin au cours de la consultation médicale : sept questions fermées portant sur la pénibilité et vieillissement, existence d'une maladie supposée en relation avec le parcours professionnel, travail " dans l'urgence ", perspective d'avenir, prise en compte de l'expérience dans l'entreprise, possibilité de changement de métier, aide par la formation professionnelle, et une question ouverte " en 2 ou 3 mots, que représente le travail pour vous ? ". Les résultats des 440 entretiens anonymisés indiquent que les salariés concernés sont plus souvent des hommes (59,1 %), d'un âge moyen de 41 ans. Au regard du vieillissement, ils sont près d'un tiers à penser ne plus pouvoir assurer leur travail du fait de sa pénibilité (29,9 %) et un sur deux déplore de travailler dans l'urgence (47 %). Un salarié sur dix pense avoir une maladie en relation avec son parcours professionnel (11,4 %). Deux sur trois pensent envisageable un changement de métier (66,1 %). Deux tiers disent que l'expérience est reconnue dans leur entreprise. Les femmes espèrent plus fréquemment que les hommes une aide par la formation professionnelle (68,9 % versus 57,5 %), alors que les salariés âgés de 50 ans et plus y croient beaucoup moins souvent que les plus jeunes (47,9 % versus 67,5 %). Pour la question ouverte, les 3 items le plus souvent retrouvés sont " salaire ", " épanouissement-équilibre-valorisation ", et " lien social ". Les hommes ont mis plus souvent en avant le salaire ou l'obligation, les femmes les notions de sécurité, de valorisation, d'autonomie. Cette expérimentation a permis de tester un outil de questionnement du salarié dans une démarche de prévention primaire. Elle confirme incidemment que les salariés différencient de façon claire leurs valeurs éthiques concernant le travail de leurs propres situations professionnelles.