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Construction d'une matrice emplois–expositions pour le suivi épidémiologique des travailleurs de l'industrie nucléaire en France. Résultats d'une étude pilote.
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Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 56, n° 1, février 2008, pp. 21-29, ill., bibliogr.
Afin d'étudier les effets cancérigènes de la contamination interne chez les travailleurs du secteur nucléaire en France, une étude pilote a été mise en place au sein de l'établissement AREVA NC de Pierrelatte. Son objectif est de développer une méthode permettant d'évaluer l'exposition interne à l'uranium ainsi que les expositions chimiques associées. Une matrice emplois-expositions (MEE) période et site spécifique a été élaborée. La liste des emplois et la liste des expositions, produits uranifères et ceux classés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR), ont été établies par un comité d'experts pluridisciplinaire. Un comité d'évaluateurs composé de travailleurs de l'établissement en activité et de travailleurs retraités a analysé les expositions. Pour chaque produit retenu, deux paramètres d'exposition ont été évalués sur une échelle à quatre niveaux : la fréquence d'utilisation du produit et la quantité du produit avec laquelle le travailleur a été en contact. Le processus d'évaluation a été standardisé. Les notes finales de la matrice ont été obtenues à partir des réponses du comité d'évaluateurs, en utilisant une technique dérivée de la méthode Delphi, puis validées par le comité d'experts. La construction de la MEE spécifique de l'établissement AREVA NC Pierrelatte s'appuie sur le travail de 23 experts et 353 évaluateurs. La MEE finale met en correspondance 232 postes-périodes existant entre 1960 et 2006 et 22 catégories de produits utilisés dans l'établissement. Les produits uranifères sont classés en six catégories selon leur pureté chimique et leur transférabilité dans les tissus biologiques. L'examen de la MEE par le comité d'experts montre une cohérence interne satisfaisante et constitue sa première validation. Dans un contexte d'absence de données individuelles d'exposition, la MEE période et site spécifique constitue une alternative valide d'évaluation rétrospective de l'exposition. Cette méthode peut être transposée à d'autres établissements de l'industrie nucléaire et permet d'évaluer le rôle de l'exposition interne à l'uranium et des expositions associées chez les travailleurs.