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RTT et santé : petite chronique d'un égarement collectif .
Article
Publié dans : Pistes, (e-revue), Canada, vol. 8, n° 1, avril 2006, 18 p., bibliogr.
Consultante répondant à des demandes concernant les atteintes à la santé mentale des salariés, l'auteur s'interroge sur un paradoxe récurrent de la situation suivante : si les salariés se disent globalement satisfaits de la réduction du temps de travail (RTT), ils signalent la dégradation de leurs conditions de travail depuis le passage aux 35 heures. Sans procéder à l'évaluation des effets de la RTT sur les conditions de travail, l'auteur tente d'instruire ce paradoxe en articulant l'approche psychodynamique du travail, l'historique de la réglementation et des images médiatiques et la clinique de ses interventions. La RTT ne serait pas la cause de la dégradation de la santé mentale, elle représenterait l'instant emblématique de l'engagement involontaire mais pas inconscient des salariés, syndicats, politiques dans le maintien du système qu'ils réprouvent : en acceptant des stéréotypes de la fatalité économique et des critères gestionnaires d'évaluation du travail, ils font l'économie de l'embarras des conflits d'intérêt, des confrontations éthiques et techniques sur les pratiques quotidiennes de travail, mais ils perdent également l'ancrage permettant de subvertir les prescriptions. D'où une dérive de l'action collective et individuelle vers la reconnaissance des souffrances, la condamnation des harceleurs et le soin psychologique des victimes. L'enjeu de santé est de revenir dans le registre de la conflictualité sociale et de restaurer la capacité collective à penser l'acte de travailler. Cet article est disponible en version PDF sur le site www.pistes.uqam.ca.