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Lésions des mains chez les saigneurs d'Hevea brasiliensis dans le Sud-Ouest de la Côte-d'Ivoire. Aspects épidémiologiques et médico-légaux.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 66, n° 1, mars 2005, pp. 51-56, ill., bibliogr.
En raison de la présence accrue de lésions digitales des mains chez les saigneurs et de leurs répercussions sur le devenir professionnel des victimes, une étude transversale prospective a été conduite sur une exploitation d'Hevea brasiliensis, dans le Sud-Ouest de la Côte-d'Ivoire. L'objectif était d'une part, de décrire les caractéristiques épidémiologiques, de discuter le diagnostic étiologique de ces lésions, et, d'autre part, d'argumenter les critères médico-légaux relatifs à leur réparation. L'étude conduite de mai à juillet 2003 visait les saigneurs souffrant d'atteintes digitales aiguës non traumatiques. Les données collectées sur le terrain au moyen d'un questionnaire ont été analysées à l'aide du logiciel Epi-info, version 6.0. Parmi les 2 125 travailleurs agricoles, 1 458 (68,6 %) étaient occupés à la saignée et à la récolte de latex. Dans ce sous-groupe, 173 cas (11,9 %) d'atteintes digitales aiguës ont été observés durant les 3 mois d'étude. Les patients étaient tous de sexe masculin. L'âge variait de 18 à 52 ans, avec une moyenne de 33 ans. L'ancienneté au poste oscillait entre 3 mois et 20 ans. Chez 99,5 % des patients, les symptômes étaient consécutifs à une tâche de récolte de coagulum (92,4 %) ou de latex frais. Au plan clinique, les patients présentaient une arthrite digitale aiguë. Les 2 mains étaient atteintes dans les mêmes proportions, le siège étant respectivement l'interphalangienne proximale (66,5 %), distale (28,3 %) et la métacarpo-phalangienne. L'atteinte visait l'index et le médius dans 58,4 % des cas. Des adénopathies régionales étaient présentes chez 26 % des sujets, sans hyperthermie. Un syndrome inflammatoire (VS > 20 mm) a été retrouvé chez 21,5 % des patients. Les arthrites à germes banals, les synovites à piquants, la maladie de Lyme et les arthrites à Chlamydia ou à Borrelia sont les hypothèses du diagnostic étiologique. Parallèlement aux recherches étiologiques, la procédure médico-légale en vue de leur réparation en maladies professionnelles doit être engagée.