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Les dermatites professionnelles aux fluides de coupe. A propos de 32 cas.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 65, n° 7-8, décembre 2004, pp. 531-540, ill., bibliogr.
L'objectif de cette étude était double : d'abord de faire le point sur les différentes pathologies allergiques dermatologiques induites par les fluides de coupe et leurs constituants, de préciser les moyens diagnostiques à l'usage du médecin du travail ; ensuite d'étudier le devenir professionnel de ces salariés. Il s'agissait d'une étude rétrospective et descriptive comprenant une enquête et un bilan allergologique incluant une batterie standard, une batterie spécifique aux huiles de coupe et la passation téléphonique du questionnaire de devenir socio-professionnel et médico-légal. Sur les 32 patients inclus dans l'étude, une forte proportion de patients exerçant une activité professionnelle en rapport avec la métallurgie ou la mécanique, où l'utilisation des fluides de coupe est très répandue, a été retrouvée. La majorité des lésions observées étaient des dermatites eczématiformes, le plus souvent pour les allergènes du groupe des biocides/antiseptiques. On a pu également noter une forte proportion de terrain atopique familial et surtout personnel chez les patients de l'étude. Le devenir socio-professionnel des patients inclus a paru alarmant avec 9 cas d'inaptitude au poste de travail, dont 5 cas de licenciement en l'absence de reclassement possible au sein de l'entreprise. Un reclassement ou un changement de poste de travail intéressait 10 patients sur les 27 continuant à exercer leur activité professionnelle. Pourtant, la demande de reconnaissance en maladie professionnelle faite par le patient intéressait 11 patients. L'intérêt de cette étude a été de mettre en évidence les carences médico-légales dans la prise en charge de ces patients souffrant de dermatoses aux fluides de coupe. En effet, l'impact socio-professionnel de la présence d'une dermatite professionnelle aux fluides de coupe est le plus souvent catastrophique, avec au mieux un reclassement à un poste non ou le plus souvent moins exposé, voire, lorsque le reclassement est impossible, une mesure de licenciement. L'impact médico-légal se traduit par un taux de demandes de reconnaissance en maladie professionnelle relativement élevé dans cette étude, expliqué probablement par le grand nombre de tableaux pouvant être sollicités en cas de dermatite à ces fluides.