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La souffrance inutile : la posture debout statique dans les emplois de service.
Article
Publié dans : Travail, genre et sociétés. La revue du MAGE, n° 12, novembre 2004, pp. 77-104, ill., bibliogr.
Un obstacle important à l'égalité des femmes dans le travail est, de l'avis des auteurs, le peu de cas qui est fait des souffrances physiques associées à leur emploi. Or, ces souffrances, maladies ou accidents de travail, nuisent non seulement à leur bien-être, mais aussi à leur survie économique. Cet article examine pourquoi la posture debout contrainte ne reçoit pas l'attention qu'elle mérite, de la part des scientifiques et des militantes. La posture debout prolongée caractérise le travail de la majorité des femmes (et des hommes) au Québec. Les travailleuses qui rapportent qu'elles sont habituellement debout au travail souffrent plus souvent de douleurs aux jambes, aux chevilles et aux pieds que les travailleurs. La posture debout obligatoire et immobile est observée dans deux des cinq premières professions des Canadiennes, soit vendeuses et caissières, qui représentent à elles seules 8,7% des travailleuses canadiennes. Cette posture se retrouve également dans d'autres emplois communs de femmes : coiffeuse, hygiéniste dentaire, cuisinière et certains emplois de préposée à l'accueil, de préposée au service alimentaire et de travailleuse à la chaîne. Après une revue de la littérature scientifique sur la posture debout, cet article traite des obstacles au changement : sources de résistance dans les attitudes des scientifiques, dans les instances de santé au travail, dans les milieux de travail. Il présente enfin des pistes de transformation : possibilités d'aménagement de postes, obstacles à la reconnaissance de la douleur, forces pour et contre le changement.