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Etude des déterminants socioprofessionnels de la souffrance psychique au travail. Enquête auprès de 231 employés du tertiaire.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 65, n° 4, juillet 2004, pp. 326-334, ill., bibliogr.
Les objectifs de ce travail étaient d'évaluer l'importance de la souffrance psychique des employés d'une entreprise du tertiaire du Maine-et-Loire et de déterminer les facteurs de risque ainsi que les modérateurs de cette souffrance afin de mettre au point une prévention efficace. Un tirage au sort, stratifié sur la famille de métiers, a permis de sélectionner les 310 agents nécessaires à la réalisation de l'enquête. Le questionnaire comprenait cinq rubriques : une fiche socioprofessionnelle (27 items) ; 14 questions concernant les modérateurs de stress (support social de DUKE, activités de loisirs et comportements de santé) ; le GHQ 12 (General Health Questionnaire) ; 60 questions portant sur la perception de l'environnement de travail par l'individu réparties en neuf rubriques (la charge de travail perçue, la prévisibilité du travail, l'autonomie, la reconnaissance, les soutiens social et professionnel, l'équité au travail, la perception des valeurs au sein de l'entreprise et la formation). Les données recueillies étaient anonymes et confidentielles. L'analyse des données a été réalisée à l'aide du logiciel SPSS (version 10.1). Une analyse univariée a été réalisée (chi-deux de Pearson, ANOVA, corrélations) ainsi qu'une analyse multivariée (régression logistique). Le taux de réponses était de 75 %. Les 231 répondants étaient représentatifs de l'entreprise sur le sexe, l'âge et les familles de métiers. Le score moyen du GHQ 12 était de 12,7 ± 6,1. 41,6 % étaient en souffrance psychique (score > 12/36). Après régression logistique, les principaux déterminants sociaux de la souffrance psychique étaient l'âge (> 40 ans, p = 0,004), le sexe (les femmes, p = 0,02), la pénibilité des transports (p = 0,055), la prise de sédatifs nerveux (p = 0,009) et les familles de métiers (la modalité de référence étant la direction, p <= 0,006). Concernant les déterminants « professionnels », seule l'autonomie au travail demeurait significative, après régression logistique, et tout particulièrement le contrôle du rythme de travail (p = 0,013). Pour les modérateurs de stress, l'analyse multivariée retenait deux items liés à une souffrance psychique : se réunir moins d'une fois/mois avec des amis (p = 0,009) et ne pas avoir ri aux éclats durant la semaine (p = 0,009). La souffrance psychique dans cette entreprise est élevée. Les actions de prévention pour réduire ou éliminer les facteurs de risque toucheront directement l'environnement et la source de travail (accompagnement aux changements : formations adaptées ; management participatif ; mise en place de politiques équitables). Il s'agira aussi d'aider les individus en leur offrant des activités de relaxation ou des espaces de discussion dans lesquels les employés pourront exprimer leur point de vue sur le travail. Le médecin du travail devra gérer la réhabilitation, le processus de retour au travail ainsi que le suivi des individus qui souffrent ou qui ont souffert de problèmes de santé mentale.