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L'homme d'aujourd'hui est-il vraiment moins fertile ?
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Publié dans : Presse médicale, vol. 27, n° 29, 3 octobre 1998, pp. 1484-1490, ill., bibliogr.
En 1992, une analyse statistique des données de 61 études portant sur la qualité du sperme dans une population d'hommes sains rapporte une baisse de 40 % de la numération des spermatozoïdes entre 1940 et 1990. Cette méta-analyse a soulevé de vives critiques sur le plan méthodologique ainsi que sur le plan statistique, et a provoqué une forte polémique dans les milieux scientifiques et les médias. Une baisse de la fertilité humaine est évoquée. A cette date, l'hypothèse la plus répandue est la pollution de l'environnement et la nocivité potentielle de substances chimiques douées d'action oestrogénique. Cet article discute les données apportées par les études épidémiologiques sur ce sujet. Il n'existe à ce jour aucun indice d'une diminution de la fertilité chez l'homme ou chez l'animal. Les données actuellement disponibles ne confirment pas une baisse de la qualité du sperme humain dans les dernières décennies, mais les techniques actuelles de l'examen de sperme ne permettraient de déceler que des variations majeures. Par ailleurs, différents facteurs sont responsables d'une variabilité considérable dans les résultats rendus par les différents laboratoires. Il convient donc de faire preuve de circonspection, de valoriser cette spermiologie de routine, et d'admettre les limites de l'examen du spermogramme afin de tenter d'en améliorer la qualité et la fiabilité, en préalable épidémiologique à l'observation de l'environnement.